Le jeudi 19 décembre nous avons accueilli trois intervenants conviés pour présenter aux étudiants le secteur de l’édition musicale et ses liens forts avec la production du cinéma et de l’audiovisuel.
Etaient présents Jean-Christophe Bourgeois, directeur général de Sony/ATV Music Publishing France, Frantz Steinbach, directeur général de la maison d’édition musicale et d’enregistrement sonore District 6 France Publishing ainsi que son associé Tommy Gin de Gin Agency. Les intervenants représentent une branche de l’industrie musicale qui s’avère être la plus lucrative à l’heure où les volumes des ventes de phonogrammes sont proportionellement très bas par rapport à l’age d’or du CD, période allant du début des années 80 au début du millénaire où les ventes colossales d’enregistrements on fait de la musique un secteur souvent plus opulent que le cinéma et l’audiovisuel comme l’a rappelé François Garçon.
Après une présentation des particularités du droit d’auteur à la française et un importante distinction entre les droits moraux inaliénables des auteurs-compositeurs et leurs droits patrimoniaux et des droits voisins propres aux artistes-interprètes, ils nous en apprennent plus sur les mécanismes de l’édition musicale qui s’appliquent tant aux compositeurs, artistes interprètes qu’aux producteurs de cinéma et d’audiovisuel.
Rappelons qu’un artiste musical travaille avec différents interlocuteurs pour vendre ses albums (maisons de disques, distributeurs) et jouer ses oeuvres lors de concerts (tourneurs, producteurs de spectacles). C’est à ce moment qu’interviennent le manager d’une part, dont la fonction est de s’occuper de la carrière de l’artiste et l’éditeur d’autre part, dont le rôle est de s’occuper de la bonne exploitation des œuvres dans le catalogue d’un auteur-compositeur. Ainsi, gestion du catalogue, cession de droits pour une utilisation au cinéma ou à la télévision mais aussi pour la diffusion commerciale (aussi appelé « synchronisation ») et enfin réédition des comptes font partie du coeur de métier de l’éditeur musical.
En effet, l’activité centrale de l’éditeur musical est dévouée à la gestion des droits patrimoniaux issus de l’exploitation du catalogue musical des artistes-compositeurs avec lesquels il travaille. L’éditeur répond à des demandes d’utilisation dans des films, séries et autres productions audiovisuelles, en s’assurant de la bonne rémunération des artistes et du respect de leur droit d’auteur, tout en prenant en compte les spécificités et le budget des demandeurs. Car si certains artistes ou éditeurs refusent l’utilisation de leurs catalogue sous des fourchettes de prix parfois élevées et disuasives, il ne faut pas croire que les éditeurs sont intraitables. Jean-Christophe Bourgeois cite notamment Bob Dylan, qui peut autoriser l’utilisation de sa musique à des coûts raisonnables si il valide le film dont lequel les producteurs souhaitent incorporer sa musique à l’image. Ainsi, il n’est pas impossible de retrouver sa musique dans des films au budget modeste.
Car si il est effectivement important de ne jamais dévaloriser leur catalogue en bradant les droits d’artistes à la forte notoriété, les éditeurs font des efforts pour proposer des cessions de droits abordables pour les producteurs de cinéma et de télévision. Comme toujours dans les négociations dans les industries culturelles, il est plus intéressant que les deux parties arrivent à un commun accord qu’elles jugent toutes les deux convenables pour qu’un contrat soit signé plutôt que de s’empêcher d’aboutir à une transaction et manquer de générer des revenus. Un autre rôle de l’éditeur musical, tout aussi important, notamment à l’ère de la musique dématérialisée et du piratage, est de défendre les droits des artistes dont le catalogue est utilisé sans autorisation. A ce sujet, les intervenants recommandent aux futurs producteurs de la salle de ne jamais omettre d’obtenir les droits pour la musique qu’ils souhaitent utiliser, car si beaucoup d’abus restent inconnus des éditeurs, ils se doivent d’être agressifs dans leur défense des droits des auteurs dont le catalogue serait exploité sans autorisation ni rémunération.
Dans ce secteur où l’industrie musicale rencontre l’industrie cinématographique et télévisuelle, les artistes ont beaucoup à gagner. Sur le plan financier, il est bien connu que les montants reversés à l’artiste-interprète pour une utilisation de sa musique dans une campagne de publicité conséquente représentent souvent bien plus de profits que la vente de phonogrammes ou même les tournées, qui ne sont pas toujours rentables. De plus, la présence de leur créations dans des publicités largement diffusés, des films à succès et des séries regardées procure une très bonne visibilité qui donne l’occasion aux artistes de faire croître leur notoriété et de créer un environnement favorable à la monétisation de tout ce qui est lié de près ou de loin à l’expérience unique qu’ils procurent comme des enregistrements physiques ou numériques, places de concerts et autres produits dérivés.
L’intervention s’en est suivie d’une discussion entre étudiants et professionnels sur les pratiques de consommation musicale de la promotion qui s’avère être partagée entre les offres d’abonnement comme Spotify, les plateformes numériques comme iTunes ou encore un souhait de maintenir une relation avec des formats comme le CD ou le vinyle.
Les intervenants ont conclu en rappelant à la promotion 2014 du Master qu’ils auront au cours de leur carrière un réel pouvoir à travers leurs choix de musique à l’image : ils pourront révéler de nouveaux talents, lancer des carrières ou tout simplement s’assurer que dans un climat où les revenus des auteurs-compositeurs sont en baisse, ils trouveront une juste rémunération de leur travail à travers son utilisation au cinéma, à la télévision et sur le web.
Merci aux intervenants pour leur présentation claire du fonctionnement et des problématiques d’un secteur dont la réussite actuelle contribue de manière positive au renouveau de l’industrie musicale.
Retrouvez plus d’informations sur la musique à l’image dans les articles ci-dessous :
- La présentation du blog Don’t Believe The Hype
- Le dossier en plusieurs chapitres sur la synchro par Musique et Marques
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