Le jeudi 9 octobre 2014, les étudiants du master ont eu le privilège de rencontrer Antoine Denis, directeur financier chez Rezo Films. Avec ses 22 années d’existence, la société compte parmi les distributeurs indépendants majeurs du secteur. Chaque année, Rezo Films distribue une douzaine de longs-métrages. L’activité du groupe comprend également la production et les ventes internationales.
Notre échange s’est centré autour de l’économie de la distribution des films indépendants en France. Autrement dit, comment concilier exigences artistiques et rentabilité économique ?
Souvent décrite comme une « économie de prototype », l’industrie cinématographique est de fait incertaine. Les distributeurs sont donc dans l’obligation de penser à des stratégies visant à réduite l’incertitude. Ainsi, la « cross-collateralisation », ou mutualisation des risques, permet de compenser les pertes d’un support d’exploitation par un autre support d’exploitation. Concrètement, les pertes de l’exploitation salle pourront être corrigées par la diffusion TV.
Afin de mieux en comprendre les mécanismes, notre intervenant nous propose un cas pratique sur le budget moyen d’une sortie en salle. Il convient de s’attarder sur le coût important d’édition des copies. Alors que le passage à la copie digitale a permis une réduction par 10 du prix à l’unité, cette économie au profit du distributeur a été absorbée par la « virtual print fee ». Une aide obligatoire à verser aux exploitants dans le cadre la numérisation des salles de cinéma. Objectif largement atteint, puisque la numérisation dépasse actuellement les 90% du parc d’exploitation, mais les distributeurs sont toujours tenus de payer la VPF, un point de friction entre exploitants et distributeurs.
Après avoir déboursé en moyenne 250 000€, comment le distributeur se rémunère-t-il ? Tout d’abord, il touche environ 2,25€ par ticket vendu : il s’agit de la recette brut distributeur. Dans le mandat de distribution, un partage de la recette est prévu avec le producteur. Cette commission varie en moyenne entre 15% et 25%, selon la hauteur du risque pris par le distributeur.
En plus des recettes, ce dernier bénéficie de différents mécanismes de soutien. Le CNC pffre deux types d’aide : une sélective (avance sur recettes) et une automatique. Canal + propose quant à lui, sous conditions, un soutien lorsqu’un distributeur ne récupère pas ses frais engagés. Au terme du séminaire, force est de constater que les distributeurs ayant fait le choix de défendre un cinéma au-delà de simples critères de rentabilité sont dans une situation de constante insécurité et d’incertitude économique, que les différents mécanismes de soutien ont de plus en plus de mal à corriger.
Par Sabine Bézier.
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