Inon Zur : La composition musicale dans le jeu vidéo (Masterclass Jeux vidéo)

Vendredi 27 octobre, 18h30, Cité des Sciences et de l’Industrie, Paris 19e

Comme à mon habitude, j’arrive beaucoup trop tôt. La file d’attente pour la masterclass grossit peu à peu. Derrière moi deux personnes discutent de leurs projets en cours. Étudiants en jeu vidéos, ils évoquent les difficultés du travail de groupe et de la quantité d’efforts à fournir.

19h15, la file commence à bouger, je rentre et m’installe dans l’auditorium. Après quelques minutes la lumière se tamise, une bande annonce digne d’un jeu vidéo apparaît alors sur l’écran de la scène et annonce l’intervenant.

Un homme trapu d’allure sympathique s’avance alors et s’installe aux côtés du présentateur. Cet invité n’est autre que Inon Zur. Compositeur de génie ayant travaillé sur des monuments vidéoludiques tels que Dragon Age (Bioware), Prince of Persia (Ubisoft), Fallout (Bethesda) ou encore Syberia (Benoît Sokal).

D’origine Israélienne, il raconte avoir choisi de migrer avec sa famille vers Los Angeles. Frustré par la vision classique de ses professeurs de musique, il éprouvait déjà l’envie de toucher le plus grand nombre avec la sienne, à contre-courant de la vision musicale hiérarchique de ses précepteurs.

La musique c’est un langage que l’on utilise pour se relier, pour connecter. […] Je veux créer de la musique parce que je veux me connecter aux autres, raconter des histoires à travers la musique.

Après avoir évoqué un début de carrière laborieux, l’invité explique que ce n’est qu’en 1996 qu’il composa, presque par hasard, sa toute première musique de jeu vidéo. Il ajoute, non sans humour :

Et bien vingt et un ans plus tard, je suis là.

En contraste total avec son parcours professionnel brillant, se dévoile au fil de la masterclass un homme extrêmement sympathique, drôle, émouvant et humble. Émouvant par la parole mais aussi par la musique, puisque le compositeur ponctue son récit en nous interprétant en direct ses propres compositions.

20h30, le présentateur invite Inon à jouer le thème principal de Dragon Age: Origins. L’air jovial du compositeur laisse alors place à la concentration et les premières notes se font entendre, me laissant, moi, abasourdi sur mon siège. Suite à ce morceau, Inon Zur raconte que créer un jeu vidéo c’est, selon lui, raconter une histoire et donner des émotions au joueur ; par conséquent sa tâche en tant que compositeur est de concevoir musicalement l’univers du jeu et de toucher mélodieusement le joueur.

Dans les jeux vidéo, la musique doit-être ressentie et non entendue. Un jeu c’est quelque chose dans lequel on est engagé, c’est quelque chose dont on fait partie et on doit se sentir intégré dans le jeu. […] Dans un bon jeu la musique est ressentie mais c’est à travers les yeux du héros, comme une sorte de traduction des émotions que vous avez en tant que joueur.

21h45, il est l’heure de se dire au revoir. Inon Zur clôt alors la masterclass par une poignante interprétation au piano d’un de ses morceaux pour Fallout 4 : Far Harbor.

Merci à la Cité des Sciences et de l’Industrie, à JeuxVidéo Magazine, à Orange et surtout merci à Inon Zur, pour cette rencontre exceptionnelle.

L’intégralité de la conférence est disponible ici

Laurent Croizier

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