Les vendredi et samedi 9 et 10 février 2018, un groupe d’étudiants du master DMC a bravé le froid pour se rendre au 40eme anniversaire du festival de court métrage de Clermont-Ferrand.
Au total, nous avons visionné une quarantaine de courts métrages repartis sur trois compétitions : Internationale, Nationale et Labo. La vaste et toujours diversifiée programmation du festival de Clermont-Ferrand nous a encore une fois démontré la vitalité de la forme courte aujourd’hui. Comme à son habitude, le festival aura su attirer professionnels, cinéphiles et jeune public, dans une ambiance chaleureuse.
Nous vous proposons une liste non exhaustive des films qui ont marqué notre festival :
- A Gis (Elle, Gis) de Thiago Carvalhae, 20′, DocNomads : Dans une compétition assez ouverte aux thématiques LGBTQ, ce film-portrait de Gisberta Salce, qui a été abusée et brutalement assassinée à cause de sa transsexualité, nous rappelle à quel point les droits de personnes transgenre ne sont pas encore acquis. Bouleversant, libre et intense, à l’image de sa protagoniste, il nous a marqué comme aucun autre film vu cette année à Clermont. À voir et à revoir d’urgence.
- Chose mentale de William Laboury, 20′, Capricci : Résultat de la résidence «SO FILM de genre», Chose Mentale est le second court de William Laboury. Une jeune fille vit enfermée dans une maison, seul moyen pour elle de se protéger de son ultra-sensibilité aux ondes. Pour dépasser les portes de cette prison elle trouve un moyen de sortir de son corps et de s’aventurer dans la nature environnante. Entre Thriller et fantastique, le film nous plonge dans une ambiance qui reste longtemps après la projection. Chose mentale est à découvrir dans les salles à partir du 14 février, au sein du programme 4 Histoires Fantastiques.
- Gros chagrin de Céline Devaux, 15′, Sacrebleu productions : Ça va passer. On s’en remet. Jean fête son anniversaire et attend le message de son ex-mathilde en se remémorant le week-end qui a mené à leur rupture. Gros chagrin, c’est l’épilogue d’une passion, l’épilogue d’une histoire d’amour qui finalement est presque aussi belle que l’histoire d’amour elle-même. Entre prise de vues réelles et animation, Céline Devaux nous plonge dans l’entremêlât de souvenirs déchues, juxtaposant des conversations qu’on regrette et les conseils de proches après la rupture. Sur un ton empreint de mélancolie, le mash-up sonore et visuel parvient par un jeu de montage saisissant à recréer une poésie, celle de l’absence de l’autre qu’il faut à présent oublier.
- Le visage de Salvatore Lista, 30′, Mezzanine Films : Camille travaille dans une galerie d’art qui accueille une exposition de Masato Kimura, célèbre concepteur de jeux vidéo de guerre arty. Alors qu’il semble dénué de tout sentiment, Masato propose à Camille de devenir une héroïne de son prochain projet. La relation entre les deux personnages est aussi énigmatique que passionnante dans ce court-métrage qui invoque aussi bien la beauté sous-marine d’un aquarium qu’une imagerie vidéoludique très réussie.
- Puheenvuoro (Prise de parole) de Hannes Vartiainen et Pekka Veikkolainen, 9′, Pohjankonna Oy : Ce court-métrage nous montre une réunion du conseil municipal de Tampere pour discuter d’une nouvelle ligne de tram. Or, les conseillers vont user et abuser de leur droit de parole pour retarder au maximum la clôture du débat : des paroles vidées de sens, absurdes et même dignes d’une pièce de Samuel Beckett infestent et dominent toute la durée du film. Un essai formidable sur les limites de la démocratie.
- Rebirth is necessary (Réincarnation) de Jenn Nikiru, 11′, Jorgo Narjes : Dernier chapitre de la série Nowness « Black Star », où des jeunes cinéastes noirs s’interrogent sur la représentation de la negritude au cinéma, ce court-métrage bouscule tous les codes de temporalité pour chercher ce qu’il y aurait de spécifique dans leur communauté. Ainsi, en se basant sur des images d’archive, des prises de vue actuelles et des grandes voix Afro-Américaines (telles que James Baldwin), le réalisateur nous plonge dans une expérience unique, forte et viscérale. Cette représentation n’a pas lieu d’être, ne peut pas être, calquée sur des modèles qui ne leur appartiennent pas. Une mort et une résurrection affranchies de tout cela semblent fondamentales pour y arriver, comme le Phœnix, renaissant de ses cendres. En définitive, du cinéma politique comme nous en avons besoin dans l’ère de Trump.
- Retour de Pang-Chuan Huang, 20’, Le Fresnoy : Tout part d’une photo de famille, celle du grand-père de Pang-Chuan Hang. S’en suit un double itinéraire, celui de Pang-Chuan Huang sur les traces de ses origines Taiwanaises et celui de sa famille, durant la guerre sino-japonaise et la guerre civile chinoise. Ce film touchant enrichi les souvenirs du passé par l’expérience du présent. Intégré à la programmation Labo, ce road trip sous forme de roman photo est intense et touchant.
- Un homme, mon fils de Florent Gouëlou, 34’, La Fémis : Sur un fond de règlement de compte et d’acceptation des différences, Florent Gouëlou nous dévoile l’intimité d’une famille, un père, son fils et sa fille. Tous trois morcelés par d’amères souvenirs d’enfance et l’homosexualité du fils, projectionniste le jour et drag-queen la nuit, le film parvient, dans un subtil mélange de vérités abruptes et de douces confessions à proposer une comédie dramatique ambiguë qui ne tombe pas dans les clichés du genre.
- West Front de Roland Edzard, 26’, Envie de tempête Productions : Converti à l’Islam, Frank Falise, nominé au César du meilleur espoir masculin en 2012, disparait, laissant derrière lui les espoirs que le cinéma français portait en lui, notamment ceux de Roland Edzard pour lequel il avait tourné dans la Fin du Silence en 2011. West Front est l’histoire d’une quête, celle de Roland Edzard à la recherche de Frank. De Calais, au Royaume-Uni, en passant par la ligne de front de l’Organisation de l’Etat Islamique en Irak, cette quête désespérée laisse imaginer le pire. Plus que d’actualité, West Front interroge les préjugés de ceux qui connaissaient Frank et ceux des spectateurs, face à celui qui est désormais « Fiché S ».
Agathe Corbin, Maxime Laure, Léo Ortuno, Léo Tisseau, Francisco Zambrano.
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