WarnerMedia et AppleTV : deux modèles économiques différents, une même volonté de se positionner
WarnerMedia a annoncé le lancement de sa propre plateforme de streaming, planifiée pour le quatrième trimestre 2019. WarnerMedia mise beaucoup sur l’attrait de son catalogue, notamment avec des programmes HBO, et compte investir massivement dans de nouvelles créations originales pour booster la plateforme. Dans le but de ne pas vampiriser les clients d’HBO, le coût de l’abonnement à la plateforme de WarnerMedia sera plus élevé qu’un abonnement classique à HBO (soit plus que 15$).
Apple de son côté pense rendre le contenu original d’Apple TV gratuit pour les possesseurs d’iPhone, d’iPad et d’Apple TV. Il pourrait s’agir d’un grand coup porté à la concurrence, puisque qu’Apple trouverait ainsi le moyen de vendre plus d’appareils sous iOS tout en faisant découvrir son service de streaming à un public déjà acquis.Ce qui nous a paru pertinent dans ces deux news mises en parallèle n’est autre que la manière qu’ont les deux acteurs en devenir d’essayer de tirer leur épingle du jeu : l’un mise sur un catalogue solide et attirant pouvant être qualifié de « valeur sûre » mais plus cher que la concurrence, tandis que l’autre pari sur un service bien moins cher et relié à une de ses autres activités économiques : la vente de device.
Le Festival Lumière de Lyon fête sa première décennie, quel avenir pour la deuxième ?
Du 13 au 21 octobre, le festival Lumière de Lyon a fêté ses 10 ans. Un festival, ayant comme but la mise en avant des œuvres de patrimoine, au succès croissant puisque durant cette décennie a vu son public monter en flèche (de 50 000 spectateurs à 171 000). L’époque des anciens films visibles en version restaurée dans un petit cinéma de quartier est-elle toujours actuelle, face à aux nouvelles consommations cinématographiques ? Un des enjeux de ce festival est de voir comment une collaboration entre les films de patrimoine et les services de VOD est possible. Huit conférences sur douze seront consacrées à ce sujet, à l’instar de celle intitulée « Analyse de l’environnement économique et juridique de la VàD et de la place réservée aux films de patrimoine ». De nombreux sites ont ouvert avec comme seule volonté d’offrir la lecture possible d’ancien classique comme : la cinetek, Itunes France, VOD factory de SFR, TF1 Vad et Filmo TV.
Plusieurs raisons qui expliquent l’intérêt des offres par rapport au cinéma de patrimoine : le fait de pouvoir toucher un public âgé ; le fait de profiter de la popularité de ces films pour intéresser le jeune public ; la possibilité d’offrir une deuxième lecture (avec un nouveau format) à un contenu déjà produit et d’offrir plus de contenu aux plateformes avec des productions déjà faites. Tout ceci s’inscrit dans la fameuse stratégie de la longue traîne
Le CEO de Google est ravi des premiers tests de Dragonfly le moteur de recherche censuré destiné à la Chine
Ce lundi 15 octobre, à l’occasion du sommet organisé à San Francisco par le média WIRED pour ses 25 ans, le CEO de Google s’est révélé optimiste quant à des tests effectués sur le moteur de recherche censuré développé par Google pour la Chine. Ce qui est intéressant, c’est le fait qu’il s’agit de la toute première fois depuis le début du projet que Sundar Pichai prend vraiment la parole dessus. Sa réponse aux critiques, aux réserves et aux doutes quant au projet s’est révélée plutôt succincte et venteuse selon nous. Il s’est en effet contenté de stipuler que, malgré la censure, Dragonfly pourrait traiter 99% des recherches internet en Chine. Et il a surtout mis l’accent sur des recherches de types médicales : « Aujourd’hui, soit les gens sont bien informés, soit ils ont de faux traitements contre le cancer ».
Cela nous semble un peu facile comme argument, voire même peu inspiré et surtout, disons-le franchement, bidon, encore plus quand on se souvient d’une des fonctionnalités du moteur de recherche révélée par The Intercept dans une enquête publiée en août : Google prévoit de lier les numéros de téléphones des utilisateurs du moteur de recherche à leurs requêtes. Une spécificité qui pourrait ainsi mettre dans le viseur des autorités chinoises tous ceux qui font des recherches que l’État désapprouve.
En Chine, Internet dépasse la télévision
Les analystes de PwC annoncent ainsi que le marché OTT (ou over-the-top, c’est-à-dire la télévision par contournement)devrait progresser de 16,3% en Chine d’ici 2022. Soit le double du taux de croissance du petit écran (7,9%). Avec 148 millions de foyers supplémentaires dotés du haut débit et 381 millions d’autres équipés d’une connexion haut débit mobile d’ici cinq ans, la télévision de contournement devrait facilement prendre le contrôle.
Pourquoi cela nous a-t-il semblé intéressant ? En Chine (comme ailleurs), les séries exclusivement diffusées sur la Toile sont de plus en plus nombreuses et de plus en plus regardées. Le web permet alors de réaliser ce qui a souvent été impossible avec le cinéma. En effet, non seulement les plateformes de streaming chinoises gagnent en puissance, mais de plus en plus de séries diffusées uniquement sur le web par des plateformes telles que Tencent, iQiyi et Youku sont vendues à l’international à d’autres géants du streaming. Ces ventes de programmes à des plateformes comme Netflix permettent d’atteindre un public. Par conséquent, c’est extrêmement bénéfique (et essentiel) pour le soft power chinois. Des programmes sont aujourd’hui diffusés en Asie du Sud-Est, en Afrique, au Moyen-Orient, en Europe et aux États-Unis. Ceci nous apparaît comme un exemple pertinent de l’infatigable progression du streaming par rapport à la télévision, d’autant plus sur le marché chinois, extrêmement dynamique.
L’accord entre le groupe CGR et les projecteurs Christie
Le groupe CGR vient de signer avec le fabricant de projecteurs « Christie » pour convertir 700 salles du parc, soit l’ensemble du circuit, avec une nouvelle technologie : le RGB Pure Laser. Cette technologie permet d’offrir aux spectateurs une meilleure reproduction des couleurs, un niveau plus élevé de luminosité et de contraste, ce qui est intéressant notamment avec les lunettes 3D, souvent critiquées pour l’assombrissement qu’elles offrent.
Un choix important pour le groupe : à l’origine, cette technologie était utilisée pour les 20 salles premium ICE du groupe. C’est grâce au succès de ces salles, comme le démontre Jocelyn Bouyssy, le directeur général du groupe, que ce choix s’est mis en place. « Le succès significatif des salles premium ICE témoigne de notre détermination à offrir aux spectateurs une expérience visuelle exceptionnelle, pour conforter la fidélisation de clientèle. »
À rendre toutes les salles du CGR prestigieuses, cette qualité deviendra la norme du groupe et elles ne se démarqueront plus entre elles. En revanche, elles vont véritablement se démarquer de ses opposants (UGC ou Gaumont par exemple). Avec cet accord, on voit la volonté du groupe de se démarquer, de la consommation à domicile, mais également de ses concurrents. On peut voir ceci comme un choix stratégique face à UGC par exemple, qui ne propose aucune technologies innovantes (Atmos, 4K, 3D) dans son circuit, ou alors un nouveau procédé n’offrant pas vraiment d’intérêt particulier pour ce qu’il diffuse. Ce que critiquent de nombreux spectateurs.
Nouveau ministre de la culture
Franck Riester a été nommé ministre de la Culture en lieu et place de Françoise Nyssen. Le fait qu’elle n’ait conservé son poste que 17 mois, moins longtemps que Fleur Pellerin et Aurélie Filippetti est significatif. Depuis une dizaine d’années, la plupart des ministres de la Culture restent en place un peu moins ou un peu plus de deux ans tout juste. Comment installer et mener à bien de nouveaux projets en si peu de temps ? Françoise Nyssen n’aura donc pas échappé à cette tendance. On retient d’elle l’avancée dans le projet du pass culture pour les jeunes de 18 ans et sa volonté d’instaurer plus de parité dans le cinéma avec le système de points énoncé il y a trois semaines.
Son remplaçant Franck Riester est quant à lui un spécialiste de l’audiovisuel. Grand défenseur de Hadopi (il avait été rapporteur de la loi en 2009), Franck Riester est pour un rapprochement entre France Télévisions et Radio France pour pouvoir « adapter les structures de l’audiovisuel public à la révolution des usages et des technologies ». Pour cela, il souhaite la création d’une sorte de BBC à la française. La nomination d’un spécialiste de l’audiovisuel arrive à point nommé alors qu’une réforme de l’audiovisuel public, prévue pour un vote en mars 2019, est en projet.
Par Maxime Duchateau et Théophile Voisine
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