Dans le cadre du cours « Transformations et réinventions digitales des médias », les élèves du master DMC ont rencontré ce jeudi 31 octobre, Johan Hufnagel. Journaliste engagé, il est l’un des fondateurs de Loopsider, média 100% vidéo d’actualité diffusé sur les réseaux sociaux. Nous le remercions pour cet échange, riche et vivant, sur le monde du journalisme à l’ère numérique et les nombreuses opportunités qu’offre cette nouvelle consommation d’informations.
Géographe et historien de formation, Johan Hufnagel avait dès son plus jeune âge l’ambition de devenir journaliste pour Libération. Multipliant les stages, il gravit les échelons par sa détermination et signa un CDI en tant journaliste infographiste et déjà geek, au cœur de sa rédaction préférée. L’arrivée d’Internet annoncée par Frédéric Filloux, correspondant à New-York, incite Johan Hufnagel à créer le premier site internet d’un journal en France dès 1998. À la fin des années 2000, Libération est le journal à la pointe de l’innovation numérique.
Internet fut marqué par de nombreux conflits internationaux (guerre du Golfe, guerre en Yougoslavie, etc), mais Le véritable tournant pour le journalisme sur internet en France eu lieu le soir du 21 avril 2002, date du premier tour des élections présidentielles. Ce dimanche fut le premier moment de cyber-mobilisation nationale. Un divorce s’opère alors entre la rédaction écrite du papier et celle du web qui réagit à chaud face à l’évènement. Les lecteurs privilégient de plus en plus les sources d’informations numériques, or la presse traditionnelle reste défiante et refuse d’y investir. C’est pourquoi, après seize ans à Libération, Johan Hufnagel quitte ce journal, avec une véritable envie de faire changer les choses.
Il rejoint alors le premier journal français 20 Minutes, qui tirait à plus d’un million d’exemplaires chaque jour et distribué gratuitement dans tout le pays. Ce journal innovant au modèle disruptif, proposait à un large lectorat de l’information de qualité, accessible à tous. Johan Hufnagel est en charge de lancer le site internet de 20 Minutes, avec pour objectif de rejoindre le top 3 des médias en cinq ans. Deux idées émergent alors pour aboutir à la transformation de 20 Minutes en un journal décontracté, correspondant aux envies et intérêts du lecteur en mobilité des transports en commun : l’intégration d’illustration (vidéos, photos, infographie) au sein-même des textes et l’information en live.
Puis, Johan Hufnagel va lancer Slate en France et en Afrique, média de contenus originaux à très haute valeur ajoutée et gratuit. Slate marque un tournant dans la compréhension de ce qu’était Internet et des changements induits dans le métier de journaliste. Il s’agit alors d’innover sur les façons de raconter l’information, avec des formats longs notamment très innovants à l’exemple de l’affaire Bettencourt expliquée dans un fil d’actualité Facebook.
Johan Hufnagel retournera à Libération afin d’opérer de parfaire la transition numérique du journal auprès de Laurent Joffrin en tant que « numéro un bis ». Il quitte définitivement Libération en novembre 2017 pour créer Loopsider avec Giuseppe di Martino et Arnaud Maillard. Inspiré par l’américain « Now This », premier acteur de la vidéo dite sociale, Loopsider recherche un public jeune directement sur les réseaux sociaux. Ce média remporte aujourd’hui un vif succès dans une société où chacun s’informe via son téléphone mobile. Existant depuis vingt mois, les sujets de Loopsider sur Snapchat attirent plus d’un million de viewers.
Sa dernière initiative, et non pas des moindres, a été la création d’un nouveau média montant : Périod.studio. Aujourd’hui, uniquement présent sur Instagram, ce média a pour ambition de montrer les femmes telles qu’elles sont. Créé depuis seulement quatre semaines, le compte regroupe plus de 21000 abonnés. Périod.studio rejoint les deux thématiques phares de Loopsider que sont l’égalité des droits et des chances, ainsi que l’environnement et le climat. Aujourd’hui totalement connecté, Johan Hufnagel avoue avec humour que son téléphone est son deuxième cerveau. Au delà de la légèreté d’une telle affirmation, ce fait traduit parfaitement la consommation d’informations numériques en 2019 !
Cette a rencontre a été aussi enrichissante qu’inspirante sur les opportunités que ces nouveaux médiasengendrent notamment pour les jeunes générations.
Par Eva Dottelonde
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