Rencontre avec Aladin Farré, un free-lance dans l’audiovisuel international

Cette semaine, les étudiants du master 2 DMC ont eu la chance de rencontrer Aladin Farré, ancien membre de la promotion 2012-2013 qui a passé plusieurs années en Chine. Un moment important d’échange pendant lequel nous avons pu discuter de son expérience singulière, de son parcours de franc-tireur de l’audiovisuel et de ses connaissances sur les spécificités du marché chinois.

Son parcours témoigne de ses intérêts éclectiques. Il a commencé par étudier l’histoire à la Sorbonne, où il y termine une licence et un master. Dans le même temps, attiré par le journalisme, il rejoint la télévision étudiante TéléSorbonne pour laquelle il est reporter avant d’en prendre la présidence et de se tourner vers la production.
Il y développe ses compétences de production et de montage, puis, dans la lignée de son parcours universitaire, s’engage à la sortie du master DMC dans des projets de documentaires historiques pour la télévision et les musées. Il réalise ainsi Indochine – En quête d’indépendance (Cinaps TV) et travaille au sein de la série Les Résistances (France 3 – K’ien Productions). 


Rapidement, son envie de découvrir un autre modèle économique ainsi qu’un autre marché de l’audiovisuel, le pousse à se tourner vers l’étranger. Intéressé par l’Asie, c’est en Chine, marché en pleine expansion et aux industries culturelles grandissantes, qu’il trouve sa place. Ses compétences de monteur, accompagnées d’un apprentissage du mandarin lui permettent de trouver en 2017 un poste chez LIC China, société d’importation de documentaires en Chine. 


Par la suite, il crée sa société, CCProd, qui aide les sociétés chinoises à internationaliser leurs productions audiovisuelles, et permet aussi aux projets européens de venir tourner en Chine et d’encourager les co-productions. Toujours à l’affût d’élargir son réseau, il anime un podcast, Middle Earth – China’s cultural industry depuis 2018, qui aborde la question des industries culturelles dans ce pays. 


La vie d’entrepreneur étant souvent pleine de surprises, il a élargi dernièrement son domaine de compétences en aidant des sociétés asiatiques à trouver des aides à la post-production en Europe, vivant ainsi entre les deux continents.
L’expérience d’Aladin Ferré a permis aux étudiantes et aux étudiants de le questionner sur le marché audiovisuel chinois et sur la politique culturelle en Chine. En résumé, un modèle extrêmement marqué par l’intervention du gouvernement et de l’État, que ce soit politiquement, avec la censure qui empêche nombre de projets de voir le jour, ou économiquement, le financement de l’audiovisuel ne reposant non pas comme en France sur la télévision, mais bien sur des fonds étatiques, notamment accordés par les gouvernements locaux. Il souligne également la proéminence des grosses sociétés du web chinois dans ces financements. 


Aladin Farré a également expliqué qu’il existait un manque de volonté d’exporter les productions chinoises, et ce, pour plusieurs raisons. D’abord, le marché chinois est si vaste (deuxième marché de cinéma au monde) qu’il est presque autosuffisant. Même des productions de qualité moindre peuvent avoir du succès localement sans sortir du pays. De plus, la majorité des producteurs et distributeurs du cinéma et de l’audiovisuel chinois ne vise que l’excellence à l’exportation, et notamment les festivals de classe A, ce qui limite les possibilités de vente à l’international pour la majorité des films. Cependant au vu du ralentissement de l’économie et de la lente professionnalisation du milieu créatif, la Chine réserve peut-être de futures surprises, comme le récent succès du jeu vidéo Black Myth: Wukong, qui a réalisé 1 milliard de dollars de vente.


Nous avons beaucoup apprécié la découverte de l’expérience singulière d’Aladin Farré, et nous tenons à le remercier de nous avoir accordé de son temps et d’avoir ouvert un peu plus nos horizons sur le monde de l’audiovisuel.


Valentin Chalandon

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