Jeudi 12 décembre, nous avons eu la chance de rencontrer Marine de la Seiglière et Mélanie Lopez, deux professionnelles de l’industrie du jeu vidéo, toutes deux passées par le géant français, Ubisoft. Le temps de cette rencontre, les deux femmes ont partagé avec nous leur parcours, leurs missions au sein d’Ubisoft et leurs perspectives vis-à-vis de cette industrie, qui malgré son poids majeur (plus important que le cinéma et la musique réunis) reste encore majoritairement masculine, avec une représentation féminine limitée à 20-25%. Le Master DMC se félicite de la présence de Marine de la Seiglière et Mélanie Lopez, dont la richesse de la discussion a éclairé ses étudiants sur l’industrie vidéoludique.
Marine de la Seiglière :
Après une formation au CELSA et à Paris 1, Marine de la Seiglière a débuté sa carrière dans le marketing de produits de la grande consommation. En 2009, elle rejoint Ubisoft avec l’envie de contribuer à la création de jeux accessibles à tous et exerce pendant une quinzaine d’années la fonction d’executive producer (productrice exécutive) sur la célèbre franchise Just Dance. Né il y a 15 ans sur la console Wii, ce jeu, qui exploite la captation des mouvements, est devenu un succès mondial avec, à ce jour, plus de 90 millions d’exemplaires vendus. Marine de la Seiglière prône les valeurs portées par Just Dance : accessibilité du jeu, création de liens, ou encore impact positif sur la vie des joueurs, qu’il s’agisse de partager du temps à plusieurs ou de lutter contre l’obésité aux États-Unis.
Cet échange fut également l’occasion pour Marine de la Seiglière de partager avec nous son expérience en tant qu’executive producer pour une marque aussi populaire que Just Dance. Ce métier nécessite une vision globale, mêlant créativité, capacité de gestion des crises et d’analyse des indicateurs de performances (KPI). Marine de la Seiglière nous invite à voir les jeux vidéo comme des séries, ou des marques, délivrant toute l’année de nouveaux contenus. En ce sens, son rôle pour Just Dance, était de s’adapter constamment à de nouveaux formats comme les réseaux sociaux ou les applications mobiles, mais également à l’actualité de l’industrie musicale.
Mélanie Lopez :
Mélanie Lopez a suivi une trajectoire académique, en effectuant des études littéraires et en obtenant l’agrégation en lettres modernes avant d’enseigner quelques années le français. Souhaitant se réorienter, Mélanie reprend les études, cette fois-ci dans l’informatique. En 2020, elle rejoint Ubisoft et occupe depuis la fonction de data scientist, un métier centré sur l’innovation technologique, et notamment sur l’utilisation de l’intelligence artificielle dans les jeux vidéo. Accompagnée de ses collègues, elle collabore avec des équipes de narration et des experts en IA pour développer de nouvelles sortes d’interactions entre joueurs et personnages non joueurs (PNJ). Ce travail prend corps dans le projet NeoNPC, qui, grâce à des avancées comme le traitement du langage naturel (NLP), permet de créer des dialogues plus riches et des PNJ capables de mesurer les émotions des joueurs.
Lors de notre rencontre, Mélanie Lopez a mis en avant la nécessité de travailler sur toutes sortes d’innovations dans une industrie où la créativité est au centre. L’IA générative pourrait permettre grâce à des prompts intelligents, de transformer la manière de concevoir des jeux. Si cette technologie ouvre des potentialités infinies pour l’industrie du jeu vidéo, Mélanie Lopez soulève tout de même les questions éthiques et techniques qui l’accompagne. Pour elle, l’enjeu est de garantir une utilisation responsable de l’innovation, tout en répondant aux attentes des développeurs et des joueurs.
Cette rencontre avec Marine de la Seiglière et Mélanie Lopez nous a offert un regard unique sur les coulisses du jeu vidéo et d’Ubisoft. Leurs parcours complémentaires illustrent la richesse de l’industrie et les opportunités qu’elle offre, même à ceux qui, comme elles, ne venaient pas initialement de cet univers. Nous remercions ces deux femmes d’être venues nous instruire sur leurs métiers et l’industrie dans laquelle elles exercent.
Un article de Juliette Noël.
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