Sur invitation du GRER (Groupe de recherche et d’études de la radio), les étudiants du master DMC ont participé vendredi 19 octobre au séminaire « Jeunes et radio : le désamour ? ».
Organisé par Albino Pedroia, professeur au master DMC et consultant spécialisé dans les médias, cette journée d’études a vu se succéder les interventions de Frédéric Antoine, président du GRER et professeur à l’Université de Louvain (Belgique), Julie Terrade, directrice de pôle au département radio de Médiamétrie, Sophian Fanen, journaliste et auteur du livre Boulevard du stream, du mp3 à Deezer la musique libérée, Albino Pedroia, ainsi que d’Éric Schweitzer du CLEMI (Centre pour l’éducation aux médias et à l’information).
Constatant l’abandon progressif de la radio dite « classique » par les jeunes, ce séminaire avait pour but d’interroger les nouveaux comportements d’écoutes chez les jeunes et les nouvelles tendances radiophoniques qui en émergent.
Après avoir présenté le GRER et ses objectifs, Frédéric Antoine a invité les membres de l’auditoire à faire un pas de côté en faisant l’analyse des audiences radiophoniques en Belgique. Si les jeunes écoutent moins la radio que l’ensemble de la population, ce sont eux qui pratiquent le plus l’écoute en ligne. Après cette présentation, Julie Terrade a réalisé l’état des lieux de ce média en France et du rapport des jeunes avec la radio. En dix ans, la radio a subi une érosion de son audience mais reste un média puissant qui touche des millions d’auditeurs, toutes générations confondues. Plus particulièrement, l’audience auprès des jeunes (compris comme les 13-24 ans) est celle qui diminue le plus, mais ils sont encore 71,7% à écouter la radio. Pour cette spécialiste de la radio, l’érosion des audiences s’explique par un changement d’écosystème, l’apparition de nouveaux usages numériques et la multiplication d’offres concurrentielles à la radio. Ce sont ces changements structurels qu’a observé Sophian Fanen dans son enquête sur l’impact du streaming sur les radios musicales jeunes. Ces radios ont été confrontées en moins de dix ans à une explosion de l’offre qui les ont contraintes à une remise en question. Selon le journaliste, en revenant à leur cœur de métier, les radios musicales ont encore des atouts à jouer face à l’offre pléthorique que proposent les plateformes de streaming. A sa suite, Albino Pedroia a apporté des précisions sur l’économie de la radio. Il y a bien une baisse des recettes publicitaires pour les radios privées et une stagnation de la redevance pour la radio publique mais la croissance potentielle du secteur reste forte. En effet, en plus des smartphones dont 80% des français sont équipés, de nouveaux terminaux d’écoutes apparaissent, tels que les enceintes et les tableaux de bord connectés des voitures, et surtout, de nouveaux usages et des nouveaux formats émergent autour de la radio qui seront le vecteur de nombreuses potentialités.
Pour conclure cette journée d’études, Eric Schweitzer a présenté les actions du CLEMI dans l’éducation des jeunes aux médias. Le CLEMI aide à mettre en place des projets radiophoniques à l’école avec des buts divers : permettre la transmission de savoirs, encourager l’expression médiatique et l’engagements des élèves mais aussi réaliser une éducation au numérique, à la citoyenneté ainsi qu’aux médias et à l’information. Pour le spécialiste, cette socialisation à la radio est fondamentale car permettre à des individus de connaitre la radio et comprendre son fonctionnement, c’est former de futurs auditeurs, voire de futurs créateurs de radio.
Les étudiants du master remercient Albino Pedroia de les avoir invité à ce séminaire ainsi que tous les intervenants pour cet échange d’analyses pertinentes.
Par Arthur Carbonnaux.
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